Ecoutez… j’ai eu une journée d’enfer et la dernière chose dont j’ai envie de parler c’est de la façon d’affronter l’existence

30/12/06

 


Mais non, ceux qui sont simples ne font pas tant de bruit pour cacher ce qu'ils pensent. Ils n'ont pas honte de leur désir, de leur plaisir. Vous n'êtes pas simple, vous êtes comme les autres, comme les hommes : vous êtes plein de scrupules, de délicatesse, et vous n'arrêtez pas de réfléchir. Tenez, en ce moment, vous pensez des choses que personne ne saura jamais, et même si vous vouliez parler, si vous vouliez être sincère, vous ne pourriez pas, vous parleriez tout de travers, sans le vouloir, pour tout cacher...

12/12/06

 
Cette zone devrait idéalement contenir une photographie du concert mais mon objectif est cassé.


Et je vais en profiter pour écrire quelque chose ici. Du texte. Long. A la première personne. Sur un truc qui m'est arrivé dans ma vie, mais pas un truc vraiment vraiment personnel.

Ce soir, c'était le concert d'Anna Ternheim, une chanteuse pop suédoise, au Divan du Monde. Il se trouve que j'aime bien Anna Ternheim, sa musique me touche je ne sais pas trop pourquoi, mais il y a quelques mois j'avais parlé d'elle à une suédoise qui m'avait répondu poliment que oui c'était sympathique mais que c'était un peu "variétés/commercial" (il se trouve qu'Anna Ternheim est une star en Suède). En gros elle m'avait dit "tu es gentil mais tu écoutes de la merde". C'est très perturbant pour un garçon d'entendre ça de la part d'une fille, critiquer ses goûts musicaux, c'est presque aussi humiliant que de lui dire "je préfère qu'on reste amis" ou "tu ne m'as jamais comblé sexuellement", on touche au domaine de l'intime.

Enfin bref, ce soir je pensais que le public du concert serait majoritairement composé de jeunes suédoises expatriées en Erasmus venues écouter ces chansons remplies d'amours déçus, de relations compliquées et de ruptures difficiles (vous avez noté l'effet de style avec les trois pléonasmes j'espère). Et en fait, une fois les lumières éteintes, je me suis aperçu tout d'abord qu'effectivement il y avait bien des jeunes suédoises, sans doute pas autant que je l'avais espéré, mais qu'il y avait aussi une masse, encore plus nombreuse, de mâles trentenaires sans doute célibataires plus ou moins barbus (je dis trentenaire pour dire plus vieux que moi) qui écoutaient tout ça religieusement. J'en ai vu certains pleurer pendant les passages les plus émotionnellement éprouvants. Il y en avait même un qui connaissait toutes les paroles par coeur, je le voyais bouger les lèvres.

Mieux que ça, le photographe, visiblement un quadragènaire bourru avait cessé de shooter à tout va pour se poser sur le côté de la scène, accoudé au pilier latéral, en fermant les yeux. Et je peux dire que ça m'a touché de contempler cette détresse affective de mes semblables, dans une sorte de communion indé-pop-variété-commerciale suédoise. Le monde m'a paru plus beau. Oui, vous voici arrivé au passage lyrique cheap de ce texte, je n'en rajouterai pas plus.

Puis j'ai mieux regardé le photographe, il ne fermait pas vraiment les yeux et je crois qu'il était accoudé afin d'être mieux positionné pour reluquer le cul d'une amie qui m'accompagnait. Pris en flag' oui. Je n'ai pas vraiment trouvé de conclusion intellectuelle crédible à ce message qu'on peut d'ailleurs difficilement qualifier d'histoire. Dois-me positionner contre les photographes vicieux qui gâchent toute la poésie de l'instant ou dois-je au contraire célébrer l'appréciation des belles choses que la vie nous offre (dans ce cas : les culs) face à l'attitude dépressive surjouée des chansons pop ? Zut, je n'arriverai jamais à écrire une chronique correcte.

En tout cas j'ai bien aimé le concert d'Anna Ternheim.