Dans le monde du rock, les choses vont vite : en l'espace de quelques mois le groupe "à ne absolument pas rater et qui donne toute sa dimension en live" peut se transformer en "groupe qui vient de sortir un nouvel album pas à la hauteur du précédent et dont le concert va vous ennuyer gravement". C'est le sujet de cette deuxième chronique musicale : comment reconnaître facilement le concert de trop, celui qui laissera un goût amer dans la bouche et vous fera dire "c'était mieux avant" comme un vieux snob. Ceci dès votre arrivée sur les lieux du drame, voire même avant de s'y rendre, ce qui vous permettra d'économiser un billet et une déception.
- Les médias : vous avez connu le groupe par Internet, il caracolait en tête des blogs et des webzines. Maintenant Télérama et les Inrockuptibles encensent l'album sorti un an auparavant, le concert est annoncé par une page dans Libération et Pitchfork leur a donné une note de 8.2.
- Vos amis : ils sont d'accord pour venir avec vous, pire ils connaissent le groupe et trouvent ça "super". Pour les amis qui lisent ce blog, bien sûr je ne parle pas de vous, je parle de ... euh mes autres amis.
- La salle : la première fois qu'ils sont venus à Paris, vous les avez vus au Nouveau Casino ou au Point Ephémère, voire pour les plus élitistes à Mains d'Oeuvres. Maintenant ils passent dans une de ces salles de grands bourgeois comme La Cigale, Le Bataclan ou pire l'Olympia.
- Le billet : il est à plus de 25 euros. Et le concert est déjà complet un mois à l'avance.
- La première partie : un sympathique groupe qui monte et vous intéresse plus que la seconde partie. De manière générale, les bons concerts ont presque toujours une première partie merdique, de préfèrence un groupe de rock du coin complétement inintéressant mais habillés branchés. Cela permet de se décharger de toute son énergie négative.
- Le public : soit plus jeune que vous (adolescents en furie), soit plus vieux que vous (trentenaires travaillant dans la communication). Ils sont habillés façon "c'était branché il y a quelques temps mais maintenant on trouve ça à H&M" : habits à rayures, jeans slims ou les classiques lunettes noires rectangulaires. Certains donnent l'impression d'avoir écrit sur le front "je suis un suiveur de mode sans aucune once d'expression personnelle, frappez-moi".
Le détail vestimentaire qui crie "fuyez" : un nombre excessivement anormal de gens avec un t-shirt de Radiohead.
- Les filles : il y en a beaucoup.
- (si c'est un concert de Le Tigre) Les garçons : il y en a beaucoup.
- Les discussions : les gens à côté de vous parlent de MySpace ou du dernier concert d'Arcade Fire qu'ils ont été voir et qui était "génial, à la fin ils ont même joué dans la rue, trop bon, le meilleur concert de ma vie".
- Les nouvelles chansons : elles sont pour la plupart nulles, des resucées médiocres des vieux tubes ou des changements de direction musicale malheureux. Vous allez devoir les endurer patiemment en attendant qu'ils daignent jouer leurs "classiques", généralement en deuxième partie de concert. Sauf pour le single que vous avez téléchargé sur un blog et qui vous avez fait espérer : il sera joué soit en rappel, soit en ouverture de concert (dans ce cas vous pouvez partir tout de suite ou vous diriger vers le bar). Et de toute façon le public plus jeune vous la gâchera en la reprenant en choeur.
- Les vielles chansons : toujours trop peu et jamais vos préférées, de manière à ce que vous restiez suffisamment dégoûté de la vie.
- La boutique : le CD est passé de 10 à 20 euros. Les t-shirts sont moches et il y a les dates de la tournée inscrites dans le dos.
Voilà j'espère que vous retiendrez la leçon mais personnellement je me fais toujours avoir. La preuve, j'ai acheté ma place pour Joanna Newsom au moins d'avril.